dimanche 17 septembre 2017

La face cachée des nanotechnologies



La situation en bref


Un plan de recherche stratégique pour l'évaluation des risques liés aux nanotechnologies

http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/69102.htm

Les dernières décennies, les nanotechnologies ne cessent de se développer et de mobiliser les chercheurs et ingénieurs, dans des domaines et des disciplines scientifiques très variées. En effet, la possibilité de contrôler et manipuler la matière aux échelles nanométriques ouvre de nouvelles perspectives révolutionnaires dans bien des secteurs. Les domaines de la santé, de l'énergie et de l'électronique comptent ainsi parmi ceux qui devraient être le plus touchés par ces nouvelles technologies.

Par ailleurs, l'expansion des nanotechnologies dans les années à venir s'annonce conséquent, avec le développement de nouvelles technologies aux nouvelles capacités. En 2009, les développeurs ont tiré plus d'1 milliard de dollars de la vente des nanomatériaux. Ce chiffre devrait atteindre les 3000 milliards de dollars d'ici 2015 !


Présentation du concept

L'Agence pour la Protection Environnementale ("Environmental Protection Agency" EPA) a ainsi pris l'initiative de réaliser une étude objective, indépendante de tout groupe impliqué de près ou de loin dans les nanotechnologies, dont la priorité est de répondre à ces questions.

Le Conseil National pour la Recherche ("National Research Council "NRC) s'est attelé à la tâche : il propose un plan stratégique de recherche, dont les fondements et principes sont décrits dans un rapport à paraître très prochainement.

Le comité a identifié trois points faibles dans l'état actuel des recherches :
- trop peu de progrès dans la compréhension des effets de l'ingestion de nanomatériaux manufacturés sur la santé humaine
- trop peu d'études des effets sur la santé et l'environnement des nanomatériaux plus complexes qui devraient entrer sur le commerce dans la prochaine décennie
- absence d'une approche globale permettant de cataloguer les nanomatériaux manufacturés en fonction de leurs propriétés, afin d'en déduire les risques et le degré d'exposition.

Pour palier à ces manques, le comité propose une approche conceptuelle du problème, qui repose sur le principe que les études de recherche à mener en priorité peuvent être déterminées à partir des relations entre les propriétés des nanomatériaux et les processus qui gouvernent leurs interactions avec les organismes et les écosystèmes.

Le projet s'articule ainsi autour de trois points-clés :
- l'identification des sources de nanomatériaux manufacturés pouvant éventuellement être dangereux;
- trouver comment les propriétés de ces nanomatériaux affectent les processus-clés critiques pouvant engendrer des risques;
- évaluer l'éventualité de dangers significatifs ainsi que leur ampleur.
Le rapport précise qu'il est essentiel de prendre en compte l'ensemble de la "chaîne de vie" des nanomatériaux : de la réalisation à la production et la consommation, avec l'intégration des produits primaires et secondaires basés dessus. Il faut par ailleurs évaluer à chaque étape le degré d'exposition, les zones d'accumulation des nanomatériaux et l'impact écologique à grande échelle.

Dans cette perspective, le comité a listé les lacunes actuelles de la recherche et les outils nécessaires pour y remédier. Quatre catégories principales de recherche ont été identifiées, qui correspondent aux trois points-clés ci-dessus, auxquels s'ajoute la nécessité de promouvoir une recherche adaptative et des infrastructures pour la diffusion des connaissances, pour accélérer la progression et fournir un retour rapide sur les avancées de la recherche.


Implémentation du plan

Afin de mettre ce plan en œuvre, le comité a annoncé la nécessité de maintenir le montant actuel des financements fédéraux pour les prochaines années (environ 120 millions de dollars par année).

Il faut qu'un maximum d'acteurs, impliqués de près ou de loin dans les nanotechnologies, soient associés au projet. En particulier, il ne serait pas judicieux que le NNI soit seul responsable du plan. Son rôle de promouvoir les nanotechnologies serait en conflit avec celui d'identifier et de contrôler leurs risques potentiels. Il faut donc envisager une séparation claire du management, entre promotion et prévention des nanotechnologies.


Quelques références.
- Site de la National Academy of Sciences : http://www.nasonline.org/
- Site du National Nanotechnology Initiative : http://www.nano.gov/
- Site du National Research Council : http://www.nationalacademies.org/nrc/
- Rapport 2011 du "NNI Environmental, Health, and Safety (EHS) Research Strategy" : http://nano.gov/node/695
Rapport de la National Academy of Sciences : http://www.nap.edu/catalog.php?record_id=13347


La question du risque et de la dangerosité


Les nanotechnologies sont aussi au cœur de débats de société : les enjeux et risques potentiels engendrés par leur utilisation du point de vue de la santé, de la sécurité et de l'environnement sont en effet mal connus à ce jour, et suscitent des inquiétudes. Or, de nombreux nanoproduits sont déjà sur le marché dans les pays industrialisés : ils sont présents dans certains médicaments, produits cosmétiques et pommades, textiles, cellules solaires ou encore additifs alimentaires.


L'exposition aux nanomatériaux des consommateurs, ainsi que de l'environnement va aller en augmentant. Il devient urgent de palier aux lacunes de la recherche sur la compréhension globale des propriétés des nanomatériaux afin d'en apprécier les risques pour la société en générale.


Ces dix dernières années, la sensibilisation à ces incertitudes et les efforts fournis pour y répondre se multiplient partout dans le monde via les agences gouvernementales, les institutions académiques et industrielles.

Aux États-Unis, le programme national d'initiative pour la nanotechnologie ("National Nanotechnology Initiative "NNI) s'est attaché à coordonner les efforts des agences de recherche et de réglementation pour identifier les besoins de recherche inter-agences et y répondre.

Cependant, le manque de connexion et de communication entre les chercheurs, les industriels, les pouvoirs publics et les consommateurs empêche de conclure quant à la variété et
la quantité des nanomatériaux déjà dans le commerce ou en développement, leurs applications potentielles et les risques éventuels engendrés.




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